Xavier Cazard, fondateur de la Maison de la Conversation, l’écrit : réparer le lien est une urgence silencieuse. Silencieuse est le bon mot car, en effet, la question se pose : nous parlons-nous encore vraiment ? On se textote, on se laisse des vocaux, on like, on commente, mais on se rencontre moins.
Et pourtant, on le sait bien maintenant, notamment avec la plus longue étude jamais réalisée (l’étude d’Harvard sur le bonheur menée depuis 85 ans), la clé d’une “vie heureuse” réside dans le lien social.
Le lien social c’est d’abord la famille et les amis, qu’on pourrait avoir tendance à prendre pour acquis. Que nenni. Ces relations-là s’entretiennent et se nourrissent, par un ensemble d’attentions, que ce soit prendre des nouvelles, proposer son aide à un moment donné ou tout simplement exprimer son attachement, admiration, affection à l’autre !
Et puisqu’on parle de nourrir, cela passe aussi par la capacité à recevoir. Car si on le fait moins c’est que souvent, parce qu’on est seul, ou fatigué, ça nous pompe l’air d’avance. Nous avions écrit une Noldletter spécialement sur ce sujet que vous pouvez trouver ici.
Mais figurez-vous que le lien social passe aussi par les interactions avec des inconnus. Plutôt que de prendre le train, figé dans son téléphone, ou de passer à la boulangerie sans même décrocher un mot à la vendeuse; un « bonjour Madame » enthousiaste accompagné d’un sourire, entraîne un sourire en retour et une satisfaction partagée. C’est ce que nous avions développé dans la Noldletter au titre évocateur : l’art de la papote.
Anne et Charlotte, potes de papote
TEST & NOLD
La déshérence du lien social
Le Covid et le post-Covid sont le plus grand test grandeur nature de l’effet délétère de la perte de lien social. Plus que jamais on parle de détresse mentale chez les plus jeunes qui se sont trouvés privés d’interactions scolaires, mais aussi chez leurs aînés, puisque selon une étude de la Fondation de France auprès de jeunes actifs (25-29 ans) , plus d’1 sur 3 se sent “particulièrement seul”.
Et que dire de nos téléphones dits smart…phones, qui nous ont paru au préalable comme une façon de ne jamais se sentir déconnectés et qui, au fond, contribuent à nous isoler. En effet, on a l’impression d’être en lien mais celui-ci peut souvent être superficiel, et ne remplace évidemment pas une bonne conversation.
On s’en rend compte aussi avec le télé-travail. Certes il est satisfaisant de pouvoir travailler de chez soi, à son rythme et dans le calme, tout comme de ne pas perdre son temps en transports. Mais on perd tous ces petits moments informels où la complicité se crée, où des fulgurances apparaissent quand une idée rebondit sur une autre, où le contact physique, même, fait se sentir moins seul.
Et les réseaux sociaux portent-ils bien leur nom ?
Ils ne se valent évidemment pas tous, mais ceux qui font communauté restent une manière d’entrer en complicité avec d’autres, de partager des points de vue, de se rassembler autour de besoins ou d’aspirations communes.
C’est tout l’objectif de Nold, que ce soit sur Instagram et Facebook ou via cette Noldletter à laquelle vous êtes nombreux à répondre.
Nold crée un lien social plus que bienvenu puisqu’il répond justement à une invisibilité et à une urgence silencieuse pour reprendre le terme de Xavier Cazard : l’urgence de lutter contre l’âgisme ordinaire qui nous ferait disparaître des radars dès 45 ans et l’urgence de lutter contre l’isolement croissant que peuvent connaître les plus âgés d’entre nous, suite à une séparation, un deuil ou tout simplement le départ à la retraite.
Alors, oui, un réseau social qui a pour vocation de rassembler, d’ouvrir des conversations entre ses abonnés, de remonter le moral, de faire sourire, de raviver des souvenirs communs et de motiver des projets, oui, il mérite son nom !
Et il peut même se mesurer au nombre d’interactions, de “like” ou de commentaires qu’il suscite. Et sur ces critères, nous sommes très fières de nous dire qu’en effet, nous servons à quelque chose… à créer, donc, du lien social ! Ce qui ne nous empêche pas de réfléchir aussi à continuer à nous voir “en vrai”, suite au grand succès de la soirée Nold Night organisée l’an dernier.
JUST NOLD IT
Comment recréer du lien social ?
Intégrer une association
La vie associative est un des vecteurs de lien social par excellence. Le terme même d’ »association » met en évidence ce qui y est en jeu : s’associer à d’autres individus autour d’une cause, d’une activité, ou d’une idée.
Pratiquer une activité sportive, artistique ou linguistique en groupe
Cours de sport, de peinture, photographie, écriture, ou musique… Autant d’activités qui permettent de nouer des contacts humains, de vivre et de partager des expériences, des émotions et de construire des projets.
Dialoguer avec ses proches
Si le lien social peut concerner des collègues de travail, on en oublierait parfois que l’échange et la proximité avec sa famille et ses amis proches ne sont pas forcément acquis. Observez votre entourage dans le quotidien et demandez-vous comment vous pouvez renforcer les liens ? Cela peut être aussi simple que de prendre le temps de s’asseoir pour discuter (et pour cela stopper ses activités individuelles et poser son téléphone…)
Mettre le lien social au cœur du travail
Après quelques années de recul, on se rend désormais compte que le télétravail a beaucoup rompu les liens entre les travailleurs et a mis en évidence le fait que le travail « en présentiel », malgré ses inconvénients, était un bon vecteur de lien social. Un compromis entre les deux est aujourd’hui une solution plébiscitée par bon nombre d’actifs.
Faire ses courses dans des petits commerces
Aller au marché ou fréquenter des petits commerces est l’opportunité de discuter : de la pluie, du beau temps, du temps de cuisson d’un rôti, de la provenance d’un légume, etc. Et très vite, on en apprend plus sur les personnes qu’on ne l’aurait imaginé. Et on revient la fois suivante en se connaissant déjà un peu. Et ainsi de suite…
POUR ALLER PLUS LOIN
Voir ou revoir Chacun cherche son chat de Cédric Klapisch (ou comment créer du lien social dans son quartier en perdant son chat…)
2 Comments.
Toujours aussi agréable de vous lire, des sujets qui sont intéressants et d’actualité, vos réflexions et conseils sont très utiles merci
Ces conseils me semblent utiles et pertinents et je vous en suis reconnaissant. Mon problème est que je vis en Espagne et culturellement les liens sociaux sont différents.