
C’est un phénomène étrange : dès les premières notes de « Sweet dreams » notre pied se met à battre tout seul, nos lèvres esquissent un sourire, et hop, “ça balance pas mal à Paris” !
La musique des années 80 agit comme un portail temporel émotionnel. On l’a dans la peau parce qu’on l’a vécue. Et elle revient partout : dans les films (« Stranger Things » a relancé Kate Bush comme si elle n’était jamais partie), dans les pubs, dans les soirées, dans les playlists des ados eux-mêmes. Et que dire du succès de l’Amour Ouf qui a réactualisé une playlist de “J’aime regarder les filles” à “Nothing compares to U”. D’ailleurs, rien qu’à lire les titres, ces chansons vous sont revenues aux lèvres.
Cette nostalgie a une vertu : elle nous rend heureux. Ce n’est pas qu’un souvenir de fluo et de mousse coiffante, c’est une madeleine sonore. Les chercheurs le confirment : écouter les tubes de notre jeunesse, c’est excellent pour le moral.
Anne et Charlotte, qui ne se lassent pas d’écouter les chansons qu’elles avaient enregistrées sur cassette
LA PENSÉE DU JOUR

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TEST & NOLD
Retour vers le futur : pourquoi les années 80 sonnent encore si juste ?
Les années 80, c’est l’arrivée du synthétiseur grand public, des boîtes à rythmes, du clip vidéo comme œuvre d’art, d’une esthétique flamboyante qui mêle émotion brute, énergie électrique et looks improbables.
C’est une époque qui invente la pop telle qu’on la consomme encore aujourd’hui. Pas étonnant que tant d’artistes contemporains la remixent : The Weeknd, Dua Lipa, Christine and the Queens, Miley Cyrus… tous recyclent cette palette sonore, avec synthés planants, basses rondes et refrains qui claquent.
Mais il y a plus que la nostalgie. Selon un article de Reef Karim sur Medium, la musique des années 80 aurait des effets thérapeutiques. Une étude mentionnée indique que 96 % des participants ont vu leur tension artérielle diminuer et 36 % ont observé une baisse de leur rythme cardiaque en écoutant de la musique de cette décennie. Ces résultats suggèrent que la musique des années 80 pourrait contribuer à la réduction du stress en raison de trois critères : un tempo à 150bpm minimum, des notes en gamme majeure, mais surtout des paroles feel-good (“don’t worry, be happy !”-1988).
Autrement dit : écouter de la musique des années 80, c’est un peu comme s’envoyer un shot de dopamine.

JUST NOLD IT
Pourquoi la génération Z recycle la bande-son de la génération X ?
Dans la pop comme dans la mode, tout finit toujours par revenir… Depuis quelques années, les jeunes artistes (génération Z) piochent sans complexe dans les sons (et les looks) de leurs aînés (génération X). Ce n’est pas juste une tendance, c’est une véritable mine d’inspiration émotionnelle et esthétique.
Petit florilège des emprunts assumés :
– Dua Lipa – Physical (2020) qui reprend Olivia Newton-John – Physical (1981)
– The Weeknd – Save Your Tears (2020) qui reprend A-ha – Take On Me (1985)
– Miley Cyrus – Midnight Sky (2020) qui reprend Stevie Nicks – Edge of Seventeen (1981)
– Harry Styles – As It Was (2022) qui reprend Depeche Mode – Just Can’t Get Enough (1981)
– Christine and the Queens – Tilted (2016) qui reprend Peter Gabriel – Sledgehammer (1986)
Si jouer au détective sonore vous passionne, et qu’à vous non plus, on ne la fait pas, découvrez cette vidéo Instagram qui fait matcher hier et aujourd’hui : voir la vidéo
Et avant, c’était pareil ?
Dans l’histoire de la musique populaire, s’inspirer du passé a toujours existé. Les Beatles reprenaient des morceaux de rock des années 50, Madonna remixait le disco, et les boys bands des années 90 recyclaient la soul. Mais ce qui change aujourd’hui, c’est l’échelle : jamais les références au passé n’ont été aussi systématiques, visibles et revendiquées. Internet, le streaming et les réseaux sociaux ont transformé la nostalgie en langage universel, disponible à portée de clic.
Résultat : au lieu d’inventer de toutes pièces, beaucoup préfèrent réactualiser, remixer les émotions d’hier pour parler à aujourd’hui.

POUR ALLER PLUS LOIN
« Retromania » de Simon Reynolds – un essai brillant sur la nostalgie musicale et l’impossibilité d’inventer le futur sans recycler le passé