
C’est aujourd’hui vendredi 13. Certains en tremblent, d’autres en sourient et pour ceux qui s’en fichent, sachez tout de même qu’il existe un nom pour la peur du vendredi 13, c’est la paraskevidékatriaphobie, du grec paraskevi « vendredi », decatreis « treize » et phóbos, « peur ». Eh oui.
Derrière cette simple combinaison d’un jour de la semaine et d’un chiffre se cache une des superstitions les plus populaires au monde. Mais au fait, qu’est-ce qu’une superstition ? Une croyance irrationnelle, souvent héritée de nos ancêtres, qui attribue des pouvoirs mystérieux à des objets, des gestes ou des événements. Pas très scientifique, mais diablement fascinant !
Alors d’où vient cette histoire du vendredi 13 ? Et celle du sel renversé, ou du miroir brisé ? Et pourquoi, malgré notre ère technologique, ces croyances continuent de nous intriguer ?
Anne et Charlotte, qui viennent d’éviter de passer sous une échelle (on ne sait jamais) (on croise les doigts)
LE TEST & NOLD
Mais d’où vient cette histoire de vendredi 13 ?
Le vendredi, associé à la crucifixion de Jésus, a depuis, été considéré comme un jour peu favorable. Quant au chiffre 13, il traîne une mauvaise réputation depuis la mythologie nordique : lors d’un banquet chez les dieux, Loki, le treizième invité imprévu, sema le chaos et entraîna la mort du bienveillant Balder. Chez les chrétiens, c’est la Cène qui alimente la superstition : Judas, celui qui trahit Jésus, était le treizième convive.
Le mariage des deux symboles a produit une peur tenace, amplifiée par les légendes modernes. Les catastrophes et autres crashs aériens enregistrés ce jour-là alimentent le mythe. Au point qu’aujourd’hui, certaines compagnies aériennes n’ont plus de rangée 13, et de nombreux hôtels passent directement du 12e au 14e étage dans leur numérotation.
Mais le vendredi 13 n’est qu’un exemple parmi des centaines de superstitions à travers le monde. Renverser du sel, un luxe rare au Moyen Âge, annonçait des disputes et de la malchance, sauf si l’on en jetait une pincée derrière l’épaule gauche pour éloigner le diable. Briser un miroir ? Sept ans de malheur, selon une vieille croyance romaine liant le reflet au destin de l’âme. Quant au trèfle à quatre feuilles, chaque feuille symbolise un bienfait : espoir, foi, amour et chance. Et on ne vous parle pas du fer à cheval ni de la patte de lapin dont la faculté à se reproduire lui aurait conféré le symbole de fécondité, d’enthousiasme et ipso facto, de chance !
En Asie, on évite le chiffre 4, qui se prononce comme « mort » en chinois et en japonais. Les Italiens, eux, redoutent le 17 : écrit en chiffres romains (XVII), il peut être anagrammé en « VIXI », qui signifie « j’ai vécu », donc « je suis mort ».

JUST NOLD IT
Les superstitions, miroir de nos angoisses et de nos espoirs
Pourquoi ces croyances persistent-elles alors que nous vivons dans une ère de science et de rationalité ? La réponse tient en un mot : contrôle.
Les superstitions offrent un semblant de maîtrise face à des événements imprévisibles. Lorsqu’un sportif enfile toujours son équipement dans un ordre précis, il n’est pas en quête de logique, mais de réconfort. Le rituel devient un talisman psychologique qui renforce sa confiance.
- Sur le plan individuel, les superstitions apaisent nos angoisses existentielles. En adoptant des gestes ou des croyances simples – comme éviter de passer sous une échelle – nous réduisons le stress lié à l’inconnu. Ce mécanisme est d’autant plus actif dans les périodes de doute : les superstitions fleurissent en temps de crise, de guerre ou de récession économique. Elles fonctionnent comme des ancrages émotionnels dans une mer agitée.
- Sur le plan social, elles servent de liant culturel. Par exemple, sans le savoir, à chaque fois que vous lancez un « à tes souhaits » à quelqu’un qui éternue, vous participez à un rituel collectif vieux de plusieurs siècles (une façon de conjurer la mort autrefois associée à l’éternuement). Les superstitions créent des codes partagés qui renforcent le sentiment d’appartenance à un groupe ou à une culture. Elles sont les marqueurs de nos identités sociales et de nos valeurs communes.
Et puis aussi, une part de nous aime le mystère, aime croire même si elle sait que ça n’est pas vrai. Les superstitions, avec leur côté irrationnel et parfois poétique, ajoutent une touche de magie à notre quotidien. Dans un monde saturé de données et de technologie, elles nous rappellent que tout ne peut pas être expliqué – et c’est peut-être là leur plus grande vertu 😉
