Tout photographier

Nous photographions tout. Tout le temps. Nos repas, nos enfants, nos voyages, nos visages, nos anniversaires, nos pieds dans le sable. Mais que cherchons-nous à capturer ? À conserver ? À prouver ? Dans cette ère de l’image omniprésente, la photographie est devenue un réflexe plus qu’un acte. Et si nous réapprenions à photographier comme on écrit une lettre : avec intention, avec émotion, avec une histoire à transmettre ?

Il fut un temps où la photo était un geste rare, presque sacré. On choisissait l’instant, on attendait la lumière, on retenait son souffle avant d’appuyer et on espérait que le tirage serait à la hauteur de notre œil et de notre émotion ressentie.

Désormais, nous avons comme inversé l’ordre des choses. Avant de goûter, on cadre. Avant d’écouter, on filme. Comme si l’instant n’avait de valeur qu’une fois archivé. L’ « instagrammable » est devenu un critère de voyage, parfois le premier pour certains. Et de voir se multiplier les guides listant les meilleurs spots pour briller sur les réseaux, jusqu’à des applications pour construire son parcours de visite « de spot à spot ».

Ne serait-on pas en train de courir après des preuves de vie au lieu de la vivre pleinement ? Que reste-t-il quand on pose le téléphone et qu’on regarde vraiment ?

Photographier, ce n’est pas seulement figer un instant. C’est choisir ce qui mérite d’être vu, revu, partagé. C’est une manière de dire : « ceci compte pour moi ». Alors, que voulons-nous vraiment garder ? Et pourquoi ?

Anne et Charlotte, bien décidées à ouvrir l’oeil

LA PENSÉE DU JOUR

post copie 37

TEST & NOLD

Voici quelques pistes pour redonner du sens à vos photos :

Photographiez moins, mais mieux

Avant de déclencher, prenez une seconde pour vous poser la question : Pourquoi cette photo ? Que voulez-vous raconter ? Une image qui a une intention devient un souvenir, pas juste un fichier. Évitez la rafale compulsive : prendre 15 clichés en pensant « je choisirai plus tard » est une illusion. On ne le fait jamais, et on se retrouve avec des milliers d’images sans âme. Une photo choisie, pensée, vaut mieux qu’un album saturé.

Triez vos photos régulièrement

Votre galerie n’est pas un grenier poussiéreux. C’est votre mémoire visuelle. Gardez celles qui vous touchent vraiment, celles qui racontent une histoire ou réveillent une émotion. Supprimez le superflu : une photo d’un numéro de téléphone ou d’un ticket de caisse n’a pas la même valeur qu’un moment partagé. Organisez vos images par thèmes, par années, par émotions. Cela permet de ne pas mettre dans le même panier la photo de votre petit-fils et celle d’une recette de soupe aux champignons. 

Imprimez vos images

Une photo imprimée change de statut : elle devient objet, mémoire, patrimoine. Elle s’affiche, se touche, se transmet. On y revient avec plaisir, on la commente, on la partage autour d’une table. Dans un monde où tout est numérique et éphémère, le papier redonne à l’image sa densité et son poids symbolique. Offrez à vos photos la chance de sortir de l’écran pour entrer dans la vie.

JUST NOLD IT

L’image est-elle dépassée avec l’arrivée de la vidéo puis de l’IA ?

 

Pendant des décennies, l’image a été notre outil privilégié pour figer le réel, raconter, témoigner. Puis la vidéo est arrivée, ajoutant le mouvement, la durée, la voix. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle bouleverse encore ce paysage : elle ne se contente plus de capter, elle crée. Des modèles comme Midjourney génèrent des visuels à partir de simples mots, tandis que des IA vidéo comme Sora produisent des scènes réalistes sans caméra ni acteur. Cette évolution interroge : l’image fixe est-elle en train de perdre sa place ?

 

Les chercheurs en sciences cognitives rappellent que notre cerveau traite les images statiques et les vidéos de manière différente : la photo invite à la contemplation, la vidéo stimule l’attention par le flux narratif. Mais l’IA introduit une rupture : elle fabrique des contenus qui semblent vrais sans l’être, brouillant la frontière entre authenticité et fiction. Une étude menée en 2023 montre que 70 % des personnes interrogées peinent à distinguer une photo réelle d’une image générée par IA. Cette confusion fragilise la confiance dans le visuel.

 

L’essor de la vidéo et de l’IA ne signe pas la mort de l’image, mais son repositionnement. L’image fixe conserve une force symbolique et émotionnelle, mais elle doit désormais coexister avec des formats immersifs et des créations algorithmiques. Les experts du CNC (Centre National du Cinéma) soulignent que l’IA est déjà intégrée dans la chaîne de valeur du cinéma et de l’audiovisuel, notamment pour la post-production et les effets visuels. Cette hybridation ouvre des opportunités créatives, mais aussi des risques : deepfakes, manipulation, érosion de la confiance.

Face à cette prolifération, les chercheurs appellent à développer une éthique visuelle : apprendre à « croire sans voir », instaurer des normes de transparence et des outils de détection. Car si l’image n’est pas dépassée, elle est transformée : elle devient un territoire mouvant, où la question n’est plus « que voit-on ? » mais « que peut-on croire ? ».

 

Ne nous remerciez pas de vous laisser avec cette question existentielle 😉

POUR ALLER PLUS LOIN

1763565775

Suivre les conseils de pro pour réussir ses photos de voyage

1748337820

Découvrir le guide pour organiser vos souvenirs numériques

1745916417

S’inspirer des chansons dont la photographie est le sujet

1757673999

Trouver des outils pour identifier les contenus « fake »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *