Vous nous l’écrivez et nous pourrions résumer vos appréciations ainsi : Nold, c’est de la balle !
Et c’est pourquoi Vincent aka Kristof nous a posé cette intéressante question « quand on se sent nold, quels arguments donner face à une personne qui vous traite de boomer ? ». Il est vrai que baby boomer qui, jusqu’à peu encore, ne délimitait qu’une borne d’âge (en gros les personnes nées entre l’après-guerre et 1965) est devenu péjoratif quand réduit à boomer et surtout à « OK boomer » (utilisé par une jeune néo-zélandaise en réponse à une personne plus âgée qui tentait de déstabiliser son discours sur le réchauffement climatique). Une expression que Wikipedia traduit par « plait-il fossile » ou « ta gueule l’aïeul ». Comme quoi le français, finalement, ça marche bien aussi. 😉
Le terme est utilisé pour répliquer dans une discussion à ce qui serait un refus d’admettre la réalité, (notamment de la crise climatique) ou plus largement une résistance au changement.
Et c’est ici que l’on trouve ce qui différencie totalement le nold du boomer. Le nold, lui, est en perpétuelle adaptation, les doigts dans la prise du monde qui change et avec la volonté d’être toujours en mouvement. Peut-être un peu plus fatigué, peut-être un peu plus fataliste, en tous cas, se connaissant bien mieux que quand il était plus jeune, le nold a une curiosité sur-développée, une envie de se renouveler même si ce n’est pas chose facile et la volonté délibérée de rester dans une énergie positive.
Ok, nolder ?
Anne et Charlotte, pour qui il ne faut pas pousser le nold dans les orties
TEST & NOLD
Le point de vue de Ronan Chastellier, sociologue et auteur de “Tendançologie : la fabrication du glamour” :
Face aux sociostyles existants, le concept de Nold vient-il aujourd’hui combler un manque ?
Tout à fait. Les nolds sont un impensé sociologique pour tous ceux qui ne se sentent pas caricaturalement jeunes ou définitivement vieux. Avec eux, on peut ainsi inverser la perception habituelle qui veut que le « cool » soit uniquement réservé à la tranche des 20-30 ans. Adeptes du « super bien vieillir », les nolds ne sont pas échoués sur les rives du temps. Ils ne connaissent (pas du tout) un decrescendo de vitalité. Ils bougent ! Les nolds ne sont pas dans une course à l’ego, plutôt dans le « voir calme », ils affichent une certaine sérénité décontractée ou une sorte de sagesse ludique. Régulièrement en proie à des accès de « noldstalgie », ils vivent à fond le présent sans oublier les bons moments du passé. Le nold est une personne qui présente une certaine épaisseur psychologique. Contrairement aux personnages fabriqués, figés et prévisibles, il revendique son droit à la complexité ou à l’ambivalence.
Comment décririez-vous les nolds ?
Il s’agit d’une génération plutôt sereine, caractérisée par l’acceptation des années qui passent : la première vie des nolds a créé les conditions de leur seconde vie, plus créative, dynamique, ouverte, positive dans un besoin d’accomplissement de soi. Ce sont des esprits préparés.
D’autant qu’ils bénéficient souvent d’un confort matériel plus important qu’à 20 ans. Mais ce sont aussi des épicuriens, dont la devise est la suivante : ne pas passer à côté ! Ils vivent le moment présent, tout en entretenant une forme de « noldstalgie ». Plus que tout, ils aiment partager la joie des petites régressions douces.
Le point de vue de Grand Corps Malade
Sobrement intitulée »La sagesse », il nous a paru intéressant de vous partager les paroles de sa dernière chanson. A vous de dire s’il est plutôt nold, old ou boomer ou les trois à la fois. 😉
J’ai atteint c’t’âge où j’me dis qu’la télé, c’était mieux avant
Que l’rap, c’était mieux avant
Que moi, c’était mieux avant
J’ai atteint c’t’âge où j’regarde l’heure pour pas rentrer trop tard
Et où j’trouve que la musique est trop forte dans les bars
J’parle même pas des boîtes de nuit qui sont devenues un supplice
T’façon les gens y sont plus proches de l’âge de mes fils
J’ai atteint c’t’âge où on appelle les jeunes »les jeunes »
Et où on m’propose des rendez-vous où on petit-déjeune
J’ai un compte Facebook et j’crois qu’Snap’ est un fléau
J’dis qu’le temps passe trop vite et je commente la météo
Je sais qui sont Charly et Lulu et qui est Philippe Risoli
J’aime parler de Pepita et d’Marie-Ange Nardi
J’essaie d’manger bio et j’parle de décroissance
Sur internet, je scroll vingt min pour trouver ma date de naissance
Mais non, j’suis pas vieux, appelle ça d’la sagesse
J’ai encore de beaux rêves mais j’ai plus les bonnes réfs
Mais non, j’suis pas vieux, appelle ça d’la sagesse
J’ai encore de beaux rêves mais j’ai plus les bonnes réfs
Ça m’arrive encore de convertir des prix en francs
Et la moitié d’l’équipe de France pourrait être mes enfants
Quand un jeune me tutoie dans la rue, j’prends ça comme un honneur
Et dans son regard j’essaie d’voir s’il m’considère comme un boomer
Mes enfants me font découvrir des rappeurs que j’connaissais pas
Parodiés par des youtubeurs que j’connaissais pas
Maintenant c’est à eux qu’j’demande quel joueur est dans quelle équipe
J’aime pas Fortnite, la K-pop et les photos avec des filtres
J’insulte les ordis qui m’demandent si j’suis pas un robot
Et mes enfants qui n’envoient des messages que par vocaux
Ils écrivent plus à l’oral qu’au stylo dans leurs cahiers
Mais c’est eux qui m’font découvrir des raccourcis clavier
On dit qu’les jeunes d’aujourd’hui ne savent plus s’amuser
C’est sûrement le discours d’une vieillesse désabusée
Le problème des jeunes, c’est pas qu’ils s’amusent pas
Le vrai problème de la jeunesse c’est qu’elle s’amuse sans moi
Mais non, j’suis pas vieux, appelle ça d’la sagesse
J’ai encore de beaux rêves mais j’ai plus les bonnes réfs
»Être jeune c’est dans la tête », en vrai, on dit ça quand on est vieux
Être vieux c’est dans le corps, mais bon le corps est contagieux
Si toi, tu trouves que j’suis vieux, ben moi, j’appelle ça d’la sagesse
Et puis, j’ai encore de beaux rêves mais j’ai d’moins en moins les bonnes réfs
Mais non, j’suis pas vieux, appelle ça d’la sagesse
J’ai encore de beaux rêves mais j’ai plus les bonnes réfs
