
Les coiffeurs se plaignent qu’on ne leur parle plus. Les caissières, qu’on ne les regarde plus, la tête dans le téléphone, la main sur le porte-monnaie. Les facteurs passent en coup de vent, on ne les voit plus non plus. L’autre jour, alors que nous faisions un tour de pâté de maison, nous avons observé une file de personnes attendant devant un restaurant : tous le nez dans le téléphone.
Il devient rare d’échanger avec un inconnu, quelques mots sur la météo, ce papotage léger qui a même donné lieu à une expression »parler de la pluie et du beau temps ». Passerions-nous de l’homo-papotus à l’homo-fermetus ? Pourtant, les conversations légères, participent ni plus ni moins à ce que l’on appelle plus scientifiquement l’interaction sociale. En 2010, la chercheuse Julianne Holt-Lunstad qui a fait une synthèse de 148 études scientifiques, a montré que les personnes insérées socialement avaient une bien meilleure espérance de vie. Alors l’insertion sociale ne se résume pas au papotage… mais pourrait bien commencer par là.
Dans cette noldletter, on revient sur l’importance de ces conversations sans importance et on vous donne quelques tips à appliquer.
Et vous pouvez commencer dès ce soir avec la fête des voisins.
Anne et Charlotte, qui papotent, qui papotent…
LA PENSÉE DU JOUR

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TEST & NOLD
Parler de la pluie et du beau temps, ce n’est pas forcément échanger sur le sujet météo, en tous cas pas que. L’équivalent en anglais se dit »small talk », que nous traduirons allègrement par petite parlote 😉.
Le small talk ouvre la voie à des occasions de discussions avec des gens différents, huilant sans en avoir l’air les rouages du collectif. En plus ça peut nous donner l’occasion de sourire, dont on connaît les bienfaits sur l’humeur. Et pourtant, si ça apporte tant, pourquoi est-ce si difficile ?
C’est comme pour tout, moins on pratique, moins c’est aisé. Et pour les générations qui nous suivent, et privilégient les sms aux appels, c’est encore plus difficile. Le muscle de la conversation s’atrophie ! »Plus on communique par téléphone et messagerie, moins on développe de liens sociaux ‘offline’ et plus on appréhende de parler à quelqu’un qu’on ne connait pas » résume Joe Keohane dans The Power of Strangers.
Alors la prochaine fois que vous ferez la queue, tentez d’afficher un visage avenant, souriez et n’hésitez pas à engager la conversation !

JUST NOLD IT
Dans son TED Talk »Pourquoi vous devriez parler aux inconnus », Kio Stark explique que des petits échanges comme »ça va? » ou »il fait beau » veulent en fait dire »je vous vois ». Ces »intimités passagères » sont si belles qu’elles méritent qu’on les laisse arriver. Mais trop souvent, nous voyons les interactions dans la rue comme des marques d’incivilités. L’espace public est rempli de ces règles implicites. C’est ce que le sociologue Erving Goffman appelle »l’inattention civile ». Par exemple, ne jamais croiser le regard des passants dans la rue au-delà d’une distance de 2,50 mètres. Pire, nous sommes biberonnés à l’idée que l’inconnu est dangereux et que surtout »il ne faut pas parler aux gens que tu ne connais pas ». S’il est vrai que nos peurs nous aident à catégoriser, presque comme un instinct de survie, faire parfois confiance permet à »l’horizon prévisible de notre quotidien» de s’ouvrir un peu plus. Et ça fait du bien. *
*Article de Slate.fr à retrouver ici
COMMENT ON FAIT, CONCRETEMENT, POUR ENGAGER UNE CONVERSATION ? 🤔
Kio Stark nous donne quelques astuces pratiques :
👉 Dire bonjour aux gens croisés : même si la plupart du temps cela n’entraînera pas une longue conversation, cela permet d’entrevoir l’envie de contact.
👉 La triangulation : capter un élément de l’environnement que vous partagez avec l’inconnu (une œuvre d’art, quelqu’un de loufoque, une pub provocante) et commentez-le.
👉 Le compliment : Kio Stark recommande les chaussures car, assure-t-elle, tout le monde adore parler de sa nouvelle paire de pompes.
👉 Le principe de l’intermédiaire : on pense notamment à la présence de chiens ou de bébés comme déclencheurs de conversation.

POUR ALLER PLUS LOIN
Ecouter la conférence TED de Susan Pinker : Le secret d’une longue vie pourrait être votre vie sociale