
Il y a quelques semaines, Nicolas Demorand, voix emblématique de France Inter, a raconté à l’antenne son diagnostic de bipolarité. Pas dans un documentaire, pas dans un podcast thérapeutique. Non, dans sa matinale, à 7h49, entre deux actus politiques. Ce n’était ni une confession larmoyante ni un buzz bien calibré. Juste un homme qui met un mot sur ce qu’il vit depuis des années. Et ça a résonné fort.
Parce qu’on le sent : la santé mentale sort du tabou. On en parle dans les entreprises, avec des “chief happiness officers” et des formations à la résilience, on la met dans les programmes scolaires, on l’invite dans les podcasts, les séries, les apéros entre amis.
Et pourtant… Nous n’avons jamais été aussi nombreux à aller mal. Burn-out, anxiété chronique, insomnies, sentiment d’épuisement, de perte de sens… Il faut dire qu’en ce moment, pour reprendre le titre d’une chronique de France Inter signée Christophe Bourseiller, “Ce monde (nous) rend fou”.
L’actualité récente à Nantes, tragique et bouleversante, nous rappelle aussi que la santé mentale des adolescents est devenue un enjeu majeur, surtout depuis la pandémie.
Alors comment la préserver et pourquoi, alors que le sujet est tellement d’actualité… ça ne va pas mieux ? Est-ce parce qu’on ne parle que des symptômes, pas des causes ? Parce qu’on cherche des solutions rapides à des problèmes profonds ? Parce que “prendre soin de soi” quand on se sent dépassé devient une prise de tête et une source de stress supplémentaire ?
Anne et Charlotte, qui se préservent mutuellement
LA PENSÉE DU JOUR

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TEST & NOLD
Pourquoi ça ne va pas mieux (même si on en parle plus) ?
Parler, c’est déjà beaucoup. Mais ce n’est pas suffisant.
1. Parce qu’on parle plus des effets… que des causes
On dit “stress”, “épuisement”, “anxiété”, mais on évite les vraies questions.
Et si le problème, ce n’était pas vous, mais le système ? Hyperconnectivité, injonctions contradictoires, précarité, surcharge mentale, culte de la productivité… Bref, on vous demande de rester calme dans un monde en feu. La santé mentale s’abîme souvent dans des environnements qui la maltraitent et la surexposition aux écrans, avec des comportements addictifs à son téléphone et à ses stimulations, n’aide pas !
2. Parce que l’offre ne suit pas
Bonne nouvelle : il y a de plus en plus d’incitations à consulter. Mauvaise nouvelle : on ne trouve pas de place avant 3 mois, et c’est souvent cher. Espérons qu’avec le nouveau programme “mon soutien psy”, les soins des psychothérapeuthes seront plus accessibles. Lancé en avril 2022 par le ministère de la Santé, ce dispositif permet aux personnes en souffrance psychique légère à modérée (anxiété, dépression, troubles du sommeil…) de bénéficier de 8 séances remboursées chez un psychologue, sur prescription médicale. L’objectif : rendre l’accès aux soins psychiques plus rapide et plus accessible financièrement.
3. Parce qu’on transforme tout en performance
Le bien-être est devenu… une charge mentale. Il faut méditer, bouger, bien manger, s’auto-réguler, se connaître, s’aligner, s’épanouir, se recentrer.
Quand prendre soin de soi devient une to-do list, on passe à côté du vrai sujet : s’écouter, ralentir, poser le téléphone, dire non et faire les choses parce qu’on en éprouve un vrai plaisir.
4. Parce qu’on confond parler et se sentir entendu
Les réseaux sociaux ont libéré la parole, et c’est tant mieux. Mais ce n’est pas parce qu’on a posté un “je ne vais pas bien” qu’on est soutenu· L’écoute réelle (non jugeante, disponible, bienveillante), elle est plus rare. Et pourtant, c’est un vrai facteur de prévention des troubles psychiques.

JUST NOLD IT
Comment on s’occupe (vraiment) de sa santé mentale
Sans changer de vie. Sans tout plaquer. Mais avec quelques réflexes simples, concrets, testés et approuvés par les cerveaux fatigués.
1. Moins d’infos, plus de silence
Vous n’êtes pas une tour de contrôle, vous pouvez rater un JT sans provoquer une guerre mondiale et couper les infos 1 jour sur 2 peut réduire significativement l’anxiété. Pour avoir plus de conseils pour vous ménager des moments de silence, lisez notre article sur le sujet par ici
2. Réintroduire la lenteur dans la journée
Un rituel lent (thé, marche, tricot, playlist jazz, puzzle…) par jour. Sans écran. Ce n’est pas “un moment pour soi” marketing, c’est un sas de décompression neurologique.
3. Bouger et se bouger
30 minutes de marche par jour, c’est 20 % de bien-être perçu (d’après l’Inserm). (Article bouger)
On vous épargne le jogging, mais promenez-vous, montez des escaliers, dansez dans la cuisine. Il est par ailleurs reconnu qu’une bonne manière d’évacuer stress et colère est de sortir, se déplacer, avoir une activité physique et par là même rencontrer des gens.
4. S’appuyer sur son réseau amical personnel ou professionnel
Ne pas hésiter à parler à 1 ou 2 amis proches : pouvoir se plaindre fait du bien, tout comme se sentir écouté et compris.
5. Dormir (ou au moins essayer)
Pas d’écran 1h avant le coucher, lumière douce, pièce fraîche. Le sommeil, c’est la base, pas un bonus et c’est pour cela que l’on a développé notre coaching fatigue / sommeil
6. Si besoin : demander de l’aide
Le médecin traitant est souvent le premier bon interlocuteur. Et il existe des consultations psy gratuites ou à tarif solidaire via les CMP, les Maisons des ados (aussi pour les parents !).
7. Devenir Secouriste en santé mentale
Il y a quelques temps, une nold lectrice, Isabelle, nous a informé de l’existence de la formation “Premiers Secours en Santé Mentale”. La Formation PSSM est une formation citoyenne, à l’instar des 1ers Secours Physiques, ouverte à toutes et à tous les plus de 18 ans, sans aucun prérequis.
Créée en Australie dans les années 2000 (Mental Health First Aid), elle est déjà diffusée dans le monde dans 29 pays différents avec aujourd’hui 7.000.000 de secouristes dont 165.000 en France. L’objectif : 750.000 secouristes en 2030 ! On a du pain sur la planche…
Pour se former, c’est par ici : Premiers Secours en Santé Mentale France – Page d’accueil
