
F.M., une de nos abonnées, nous a écrit pour nous faire part de sa détresse suite au décès de son compagnon, et décrire une souffrance terrible liée à l’absence et à la solitude.
Cela nous touche de savoir que nos Noldletters peuvent constituer de petites bulles d’oxygènes dans votre quotidien et que vous nous estimez capables de traiter de tous les sujets qui vous importent.
Alors, celui-ci est particulièrement difficile. La solitude en général, et plus encore, la solitude suivant un deuil. Car s’y ajoutent de la colère et du désespoir.
Alors comme le rôle que nous nous sommes assignées est de toujours mettre de la légèreté et de l’espoir dans nos communications, nous ne refuserons pas l’obstacle.
Et nous commencerons par penser à ce fortune cookie (biscuit chinois avec un message dedans) tiré par l’une d’entre nous un jour particulièrement noir, et où il était écrit “ta solitude est ta force”. Ce n’est pas du tout ce qu’elle avait envie de lire, mais elle en a fait un mantra, elle l’a même mis en mot de passe (Soliforce25! – puisqu’il faut dorénavant une majuscule, des chiffres et un caractère spécial, comme il nous l’est demandé). Et bizarrement, beaucoup de choses positives se sont mises en place.
Alors, même s’il en faut beaucoup parfois pour arriver à voir ne serait-ce qu’une goutte dans ce fichu fameux verre supposément à moitié plein, nous allons quand même essayer de tracer un chemin de résilience pour tous les affligés.
Anne et Charlotte, qui elles aussi peuvent en avoir gros sur la patate
TEST & NOLD
Réagir après un deuil…
On a beau dire, on a beau faire ; seul le temps arrive un peu à panser les plaies. Ce qui suit n’est possible à penser qu’après des mois, tombé au fond du trou. Parce qu’il faut un temps à tout. Et qu’il n’est pas possible voire même souhaitable de toujours se fouetter. Alors, laissez tomber les donneurs de bons conseils qui pensent vous faire du bien, mais ne réalisent pas qu’il y a un moment où ils ne sont simplement pas audibles. Puis un jour vient, où, dans son quotidien complètement transformé, on réalise qu’on ne pense pas à l’absent soixante fois par jour mais quarante… Et ce n’est pas de l’oubli, loin de là. Ça ressemble plus à la volonté du corps et de l’esprit à aller de l’avant, parce que… que faire d’autre !?
Alors quand ça arrive, que la souffrance tord moins les boyaux, quand le sentiment de colère, d’injustice, ou d’hébétude laisse place à une sorte de résignation, voire d’acceptation, alors la solitude prend ses aises. Une première période où, de toute façon, on a l’énergie ou l’envie de ne voir personne. Et puis la nécessité de s’ouvrir un peu plus au monde… Chaque situation est différente bien sûr, selon qu’on ait encore des personnes à charge (des enfants, ou des parents) ce qui oblige encore plus à se remuer, où qu’on n’ait qu’à s’occuper de soi-même.
Alors comme l’envie nourrit l’envie, il s’agit de renouer avec un peu de vie sociale, de refaire des dîners – simples ou mijotés la veille car on se retrouve seul à recevoir. C’est relancer des projets en réfléchissant, par exemple, à ce qu’on aurait aimé faire dans son enfance et qu’on n’a pas encore réalisé : peinture, voile, poterie… C’est reprendre des cours, des cours de langues pour s’occuper l’esprit, des cours de chant pour mieux respirer… C’est aller voir du beau dans les musées, du divertissant dans les cinémas.
C’est peut-être une activité de bénévolat pour, là aussi, rencontrer de nouvelles personnes.
C’est reprendre goût à la vie, petit pas par petit pas. Pas la même qu’avant, mais la vie quand même.

JUST NOLD IT
Ce qui peut aider…
Les fameux 3 kifs par jour :
C’est tout d’abord tenir un cahier, car écrire fait du bien, écrire est thérapeutique.
D’un côté, il peut servir à se défouler, à déverser toutes ses émotions. Et de l’autre, l’utiliser pour se forcer à identifier tous les jours trois petits plaisirs, juste pour se prouver qu’il y a encore des choses qui vous emplissent. Même tout petits, même momentanés, un rayon de soleil, une fleur émouvante, un chat qui se roule en boule, l’appel d’un ami, un achat sur lequel on a craqué….
Écouter des musiques qui font du bien :
Celles de notre enfance qui, instantanément, nous reconnectent à des moments légers, ravivent des souvenirs joyeux et nous entraînent à nous mettre en mouvement.
Mais il y aussi des chanteurs qui posent des mots justes sur nos peines. Et notamment la chanteuse Clara Ysé qui a sorti un album magnifique en 2022, Oceano Nox, entièrement tourné vers le deuil de sa mère (la philosophe Anne Dufourmantelle). Une écoute qui peut aider, tellement ses mots résonnent avec sa propre peine, que ce soit Le monde s’est dédoublé qui décrit son état de sidération, Douce qui crie sa colère, ou Lettre à M où elle chante « mais va-t-il arriver ce temps espéré où tu cesseras de me manquer »…
Partir seul dans un endroit totalement inconnu :
Parce que ça nous sort de notre zone de confort, ça nous oblige à nous concentrer sur ce qu’on fait et à ne pas penser en boucle à son malheur, ça nous ouvre à de nouveaux horizons. On se sent tout à coup beaucoup plus maître de sa destinée. Et après on est tellement fier d’avoir réussi que ça nous fait du bien ! Trois jours peuvent suffire, on ne parle pas d’un exil, non plus 😉

3 Comments.
Très touchant et bien écrit ! La vérité sur le deuil est souvent négligée. Lidée des 3 kifs est géniale, ça donne un coup de main concrète quand on a perdu. Merci pour ces mots qui résonnent profondément.
Cest une approche très humaine et réconfortante, qui prend bien en compte le temps nécessaire à la guérison après un deuil. Jaime beaucoup cette idée de petits plaisirs quotidiens pour reconstruire progressivement.
Excellent article ! Jai vraiment apprécié cette vision bienveillante et concrète du deuil. Les 3 kifs par jour sont une idée super simple mais très percutante pour se reconnecter au plaisir petit à petit. Merci pour ces mots si justes !