Un(e) ami(e) c’est celle ou celui avec qui on n’a pas peur de se montrer dans ses excès et dans ses vulnérabilités, celle qui vous écoute ratiociner pendant des heures sans se lasser, celui que vous ne voyez pas souvent mais avec qui vous retombez régulièrement en enfance à partager des souvenirs, celle qui vient vous chercher à 5h du matin dans un aéroport car elle sent votre besoin d’être accueilli, celui qui n’a pas besoin qu’on lui dise qu’on n’est pas dans son assiette pour le voir. Un(e) ami(e) c’est cette personne qu’on aime et qu’on admire, et qu’elle nous fasse sourire ou nous agace, nous comprend ou nous contredit, sur qui on pourra toujours compter.
Quand on est Nold, on a plusieurs types d’amis, ceux qui nous suivent depuis l’enfance, ceux qu’on a perdus de vue (pour de mauvaises raisons) puis retrouvés, puis perdus à nouveau (quand finalement on réalise que c’était pour de bonnes raisons), ceux qu’on a connus au travail, en allant chercher ses enfants à l’école, ou chez d’autres amis.
Être Nold, c’est aussi être à une période où on identifie les vrais amis des connaissances, ceux ou celles qui vous accompagnent non seulement dans vos phases d’allégresse mais sont aussi là dans vos phases de détresse.
Et comme on assiste aujourd’hui à un mouvement effrayant et grandissant de personnes qui expriment trouver une meilleure compréhension dans l’intelligence artificielle que dans l’amitié réelle, il est temps de remettre les pendules à l’heure. D’autant plus quand on sait que bien vieillir, c’est continuer à être bien entouré.
Alors célébrons l’amitié sous toutes ses formes, et prenons bien le temps de la nourrir, ou de la retrouver si on a un peu perdu le lien.
Car si quelque chose mérite bien d’être cultivé c’est bien cette relation-là, précieuse et qualitative (rarement quantitative). L’amitié, celle qui répare, élève, secoue parfois, une sorte de trame invisible qui soutient tout au long de la vie. Là où les institutions craquent, les amitiés solides tiennent. Là où les histoires d’amour s’érodent, les vraies amitiés s’approfondissent…
Anne et Charlotte, amies pour la vie
TEST & NOLD
Aristote, Platon et ce lien qui nous façonne
Aristote : trois nuances de liens
Grèce antique, 4e siècle avant notre ère. Aristote classe l’amitié (philia) en trois formes :
– Utile : l’ami qui vous file un coup de main, vous dépanne, vous apprend à faire un Google Doc (et ne vous juge pas) – ce dernier exemple ne nous vient clairement pas de la Grèce antique mais c’est du vécu 😉
– Plaisir : l’ami de ciné, de confidences, d’apéros qui durent
– Vertu (ou du bien) : l’ami qui nous fait grandir, c’est-à-dire celui ou celle qui vous voit plus grand que vous ne vous voyez et vous pousse vers le meilleur de vous-même, parfois sans rien dire
Ce troisième type d’amitié est rare, lente à construire, mais profonde. Elle résiste au temps, aux malentendus, aux déménagements, aux périodes de silence. Elle est si profonde, qu’elle est vécue comme une évidence, même si on ne se voit pas souvent. C’est celle qu’on appelle parfois l’amitié de toujours, même quand on n’a pas toujours été là.
❤️ Platon : là où l’amitié touche au désir
Platon, lui, ne sépare pas aussi clairement l’amour et l’amitié. Dans Le Banquet, il décrit l’éros (désir) comme moteur vers le beau et le bon et l’amitié comme un de ses visages.
Pour lui, l’amitié est un mouvement, pas un état : un élan vers quelque chose qui nous dépasse. On peut être ami d’une idée, ami du savoir ou ami de la vérité sans que ces choses nous rendent l’affection.
Fraternité, sororité : l’amitié en version collective
L’amitié, on la pense souvent intime, privée, un lien de un à un. Mais il existe une autre forme d’amitié, plus vaste, plus politique : celle qu’on appelle fraternité ou sororité.
Pourquoi en parler ici ? Parce que ces mots prolongent l’idée d’amitié mais à l’échelle d’un groupe. Ils traduisent ce même besoin fondamental de se relier, mais dans un cadre plus large : celui des causes communes, des luttes, des appartenances choisies, de la communauté qui partagent les mêmes façons de voir et vous font vous sentir moins seul
Dans la Grèce antique, le mot fraternité servait déjà à désigner un lien idéal entre membres d’une même cité : horizontal, solidaire, sans domination.
À la Révolution française, le mot devient un pilier politique, “Liberté, Égalité, Fraternité”, mais reste réservé aux hommes… L’universel masculin règne.
Au XIXe siècle, des militantes féministes commencent à se désigner comme “sœurs”, en réponse à cette exclusion. Puis, dans les années 70, la sororité devient un mot d’ordre puissant du MLF : “Sisterhood is powerful”, clame le recueil coordonné par Robin Morgan en 1970.
JUST NOLD IT
Comment retrouver et / ou continuer à nourrir ses amitiés ?
– Écrivez sans raison. Les textos »juste pour dire coucou » entretiennent le lien bien mieux que les messages d’anniversaire formatés.
– Prenez le temps de téléphoner aussi. On a une tendance accrue à ne laisser que des messages écrits voire des vocaux, mais la conversation informelle, à bâtons rompus est toute aussi importante
– Posez de vraies questions. Pas juste »ça va ? », essayez »comment tu te sens » “qu’est-ce qui t’a fait rire cette semaine ?” ou “à quoi tu penses souvent en ce moment ?”
– N’attendez pas la retraite. Le temps ne se libère jamais tout seul. Prendre 15 minutes en moins sur les réseaux sociaux et 15 minutes en plus sur les réseaux amicaux, les vrais…
– Acceptez les mues. Certaines amitiés prennent le large, d’autres reviennent, certaines renaissent autrement. Sachez lâcher des relations qui ne vous stimulent plus mais bien au contraire vous plombent. Ce n’est pas un échec, c’est la vie.
– Exprimez l’attachement. Si “je t’aime fort” vous semble trop, testez :
– « Notre amitié est tellement importante pour moi »
– « Je tiens à toi »
– « Je suis contente de t’avoir dans ma vie. »
– ‘ »Heureusement qu’on s’a… »
